Au commencement, il n’y avait rien… rien qu’une archive WordPress sur un serveur libre. Je m’étais bien fêlé le bol à installer le machin sur le truc et, en extase devant mon génie de la technique, j’affichais avec entrain la page d’accueil de mon splendide site. Mais à cet instant, mon enthousiasme avait chu comme une pâte à gâteau dans un moule à cake en découvrant ceci :WordPressJe comprenais soudain que je n’étais qu’au début d’un long chemin truffé d’embuches. Je regardais cette abominable page d’accueil en réprimant une nausée désespérée et en songeant qu’une telle laideur devrait être punie par la loi. J’étais sur le point d’écrire à Matt Mullenweg, tout prêt à faire des histoires… et il allait avoir de mes nouvelles ! Sans blague ! Je voulais bien qu’on fasse du basique pour laisser la chose malléable à souhait, mais depuis quand le basique empêchait-il l’esthétique ?

Je vous avouerai que, mon anglais étant ce qu’il est, je ne rédigeais pas ma plainte sur le champ. Non. Dans un premier temps, je cherchais l’astucieux moyen de personnaliser mon site. Je découvrais, du coup, que des milliers de thèmes prêts à être installés étaient disponibles, ici ou là, un peu partout sur le net. Une douce joie me grimpait le long des côtes, frissonnant un instant sur ma nuque, pour rejoindre mon centre cérébral du plaisir. Mais le bonheur n’ayant qu’un temps, je constatais piteusement que les créateurs de thèmes avaient un goût de porte-à-gauche-au-fond-du-couloir, qu’ils étaient anglophones à 90% et qu’il fallait, de toute façon, retravailler leurs œuvres pour arranger les deux ou trois bricoles qui, immanquablement, ne remplissaient pas leur fonction. J’avais naïvement espéré que le web hébergeait des ouvriers consciencieux mais le Père Noël n’était pas connecté.

Il me restait la possibilité de fabriquer mon propre thème, avec mes petits doigts sensuels. Doué de tous les talents, je bidouillerais ça en moins de temps qu’il n’en faut à une bigote pour se relever de sa génuflexion. Donc, dans un deuxième temps, je me rendais illico sur le site de la grande communauté WordPress où je trouverais certainement quelques notions de code qui éclaireraient mes premiers pas de designer. Combien de mes espoirs auront été bafoués ce jour-là ? L’encyclopédie WordPress est invendable en porte-à-porte, mes petits morpions. Quel bazar ! On se serait cru dans votre chambre. Exactement le genre d’endroits qu’on a envie de fuir. Et là, j’ai fui… pour me rabattre sur le Codex WordPress. C’est comme ça que j’ai tout compris : Quand on n’y connaît rien, on va sur le forum pour poser les questions élémentaires, les seules, bien sûr, auxquelles les spécialistes du lieu sont capables de répondre… et quand on est un crack, on va sur le codex, après avoir appris l’anglais, pour trouver réponse aux recherches plus spécifiques. Évidemment, devant tant d’opportunes merveilles, j’ai préféré chercher une autre solution.

Dans un troisième et dernier temps, donc, j’ai éteint mon ordinateur et je suis parti en vacances. C’est que nous étions le 30 juin et que des amis quelque peu libertins m’attendaient le lendemain dans leur villa méditerranéenne. Vous pensez si, dans ces conditions, je n’allais pas me peler l’oignon plus longtemps avec mon site. Deux mois de vacances de rêve au paradis. Je ne vous en dirais rien car vous seriez capables, jaloux comme je vous connais, de me haïr pour si peu. Toujours est-il que deux mois plus tard, bronzé de la tête aux pieds et léger dans mon caleçon, je m’en retournais vers mes habitudes.

Mon site n’ayant pas eu le temps d’entrer dans lesdites habitudes, je l’avais complètement oublié. Jusqu’au jour où, allant jeter un œil, comme souvent, sur le burp de CUI, j’avais littéralement pâli d’envie devant le nouvel habillage de son site. QUOI ? LUI ? CUI ? UN NOUVEAU THÈME ? J’aurais voulu lui enfoncer des cure-dent sous les ongles mais, qui sait, il aurait peut-être aimé ça. Je lisais avec attention son article d’inauguration et j’y découvrais le nom de la magicienne qui avait œuvré : Frisouline. Et là, bande de crêpes, je vous exhorte au respect ! FRISOULINE ! Silence…

N’écoutant que mon avidité, je prenais mon courage à deux mains (c’est vous dire s’il n’était pas épais) et je contactais la demoiselle. Sournoisement, j’affirmais être un proche ami de CUI et me recommandais de lui. Et je prierai les persifleurs de ne pas perturber la lecture des gens de bonne compagnie ! Je lui envoyais un message plein de doux compliments pour son admirable travail et, avec toute la subtilité dont je suis capable, j’insinuais que mon site à l’état embryonnaire se morfondait dans l’attente qu’une fée se penche sur son berceau… La réponse ne s’était pas faite attendre : « Tout comme ma tire-lire qui espère qu’un enchanteur la fasse grandir ! » Hé hé hé… Euh… Ouais !

Je vous promets, j’ai négocié fermement. Mais j’ai dû admettre que tout travail mérite salaire et qu’à ce prix là (exactement ce qu’on a coutume d’appeler un prix d’ami), je ne pouvais décemment pas me plaindre. Quant au résultat, chers vous, admirez ! Mes moindres désirs réalisés… mes souhaits, concrétisés… mes caprices même, exaucés. Et si j’en vois un qui fait la grimace, il va y avoir du raffut ! Gare !

J’associe donc votre admiration époustouflée à mon absolue satisfaction pour remercier Frisouline, cette artiste du net, d’avoir si bien su mettre en image ce qui n’était qu’un vague dessin de mon imagination.